En ce début de mai, le chant des grives et des merles enchante nos promenades, ce qui m’inspire à en dire quelques mots.

Commençons par madame merle noir (blackbird) – célèbre pour son chant – qui couve depuis une dizaine de jours ses trois beaux oeufs bleutés dans le nid en forme de coupe qu’elle a obstinément choisi de construire dans un panier de vélo entre nos deux vélos à nous. Le nid est solide et lourd, une structure robuste faite de brindilles, d’herbe, de racines et de mousse, le tout solidement cimenté par de la boue. L’éclosion devrait se faire cette semaine puisque l’incubation dure de onze à dix-sept jours. On a hâte de voir et d’entendre les jeunes qui seront nourris dans le nid jusqu’à ce qu’ils s’enfuient – de douze à quatorze jours –. Croisons nos doigts pour que la pie bavarde qui s’est attaquée à eux l’an dernier ne se pointe pas cet année. Pour l’instant gare aux deux choucas qui descendent dans la cour le matin et qui fouinent.

Une autre chanteuse extraordinaire qui nous revient chaque année: la grive musicienne (song thrush). Comme elle porte bien son nom! Son timbre de voix s’apparente à celui très spécial de notre rossignol. Il suffit d’entendre une ou deux notes pour porter attention. Même si cette chanteuse accomplie dispose d’une centaine de phrases dans son répertoire, on la reconnait facilement à son habitude de répéter une phrase souvent 3 fois avant de passer à la prochaine. Et puis sa voix puissante porte loin dans la forêt comme celle de madame Castafiore.

Mon troisième choix s’arrête sur le merle à plastron (ring ouzel). Ah! ah! Enfin, je viens de le voir pour la première fois. Ce merle migrateur s’arrête au passage lors de son retour pour aller se reproduire sur la côte ouest de la Norvège bien au nord. Il ne passe que quelques jours voire quelques heures ici pour se reposer et se ravitailler. Si on le manque, on doit donc attendre toute une année avant une nouvelle occasion. Connaissant sa présence dans le coin, je l’ai attendu assise au soleil chaud, je voulais bien profiter de cette occasion unique pour l’observer. Chance inouïe femelle et mâle mangeaient au sol puis cherchaient protection dans un buisson très dense car les grives litornes (fieldfare) n’aimaient vraiment pas les voir dans leur territoire. Patience bien récompensée!

Autres grives et merles qu’on a eu le plaisir de voir ou entendre:

Skåne: la grive mauvis (redwing), la grive draine (mistle thrush)

Saint-Fabien: le merle d’Amérique qu’on appelle faussement le rouge-gorge, la grive à dos olive (swainson’s thrush), la grive solitaire (hermit thrush) et la grive fauve (veery)

Alors si vous entendez le son d’une flûte enchantée qui voyage entre les arbres comme un filet de fumée, vous êtes très certainement en audience d’une grive ou d’un merle. Portez l’oreille! /J.